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Santé

Les 1000 jours qui déterminent la santé de votre bébé

Nous savons aujourd’hui que la santé des adultes dépend de leurs 1000 premiers jours de vie, de la conception à 2 ans. Eclairage par Eléni Gravière, spécialiste en santé environnementale pour mieux protéger la santé de son enfant pendant ces 1000 jours.

C’est quoi les 1000 jours ?

Les 1000 jours correspondent à la durée d’une grossesse, suivie des deux premières années de vie d’un enfant : 9 mois + 2 ans = 1000 jours. C’est pendant cette période que l’être humain en devenir est le plus sensible à son environnement. Par exemple, il va être particulièrement sensible aux perturbateurs endocriniens, aux allergènes, aux ondes, mais aussi au stress ou au contraire au bien-être de son entourage affectif. Tout ce qu’il va rencontrer et vivre, dès les premiers jours dans le ventre de sa mère, pourra avoir un impact, positif ou négatif, sur sa santé future.

Est ce que cela signifie que la santé de notre enfant n’est pas liée qu’à la génétique ?

La génétique, ce sont les gènes, que nous transmettent nos parents et que l’on transmet à notre descendance. Ces gènes sont un peu « tirés au sort » au moment de la conception, avec la moitié provenant du père, et l’autre moitié, de la mère. L’épigénétique, quant à elle, représente l’enrobage qui vient activer ou désactiver certaines fonctions génétiques. Cet « enrobage » est totalement dépendant de notre environnement, c’est-à-dire de ce que nous mangeons, de notre milieu de vie, de la pollution, l’eau, l’air, et même, comme je le disais, du stress ou de l’aspect psycho-affectif.

Pourquoi faut-il faire particulièrement attention pendant la grossesse?

Enceinte, nous pensons parfois, à tort, que notre bébé est protégé dans notre ventre. En réalité, plusieurs études font état de centaines de polluants chimiques retrouvés dans le cordon ombilical. Par exemple, les perturbateurs endocriniens, ces molécules qui viennent gêner le bon développement et le fonctionnement hormonal de l’organisme, sont particulièrement dangereuses lors de la grossesse. Elles peuvent avoir des conséquences directes sur le développement intra-utérin de l’enfant, ou être à l’origine de dysfonctionnements et de maladies plus tard dans sa vie.

Et pour quelles raisons faut-il faire attention jusqu’à 2 ans ?

L’immaturité de l’organisme d’un bébé le rend très sensible aux agressions extérieures pendant toute sa phase de développement. Dans la continuité de la grossesse, on estime que les grandes fonctions organiques d’un enfant se forment principalement jusqu’à ses 2 ans. Pendant ces deux premières années de vie, beaucoup de choses se jouent, aussi bien sur le développement physique que psychique. Les connexions neuronales se précisent, le système hormonal continue sa mise en place, l’enfant grandit à une vitesse impressionnante ! Les courbes de poids et de taille parlent d’elles-mêmes : elles sont très fortes les premiers mois, puis elles se stabilisent et augmentent plus lentement.

Et après les 2 ans ?

Après les 2 ans, l’organisme devient un peu moins sensible. Toutefois, on peut et on doit toujours agir pour sa santé et celle de ses enfants. C’est d’ailleurs d’autant plus important pour un enfant qui montre des signes de sensibilité à son environnement : tendance à l’atopie, comme de l’eczéma, de l’asthme ou des rhinites, ou encore, fortes réactions inexpliquées comme des maux de tête et de ventre fréquents, agitation… Ces troublent peuvent provenir de diverses sources, mais celles-ci sont bien souvent environnementales. Les connaitre permet de les repérer rapidement et de s’en protéger autant que possible.

Comment se protéger des substances potentiellement dangereuses ?

Il n’est pas évident de se protéger des polluants et des toxiques de notre environnement, car ils sont à la fois invisibles et très présents dans notre quotidien. Cependant, certaines sources de pollution peuvent être évitées et des gestes simples permettent de diminuer notre exposition. On peut citer, par exemple, le fait d’aérer son habitation tous les jours, bannir le plastique au maximum de sa cuisine et privilégier une alimentation non transformée et biologique autant que possible ou encore, faire le choix de produits cosmétiques et ménagers simples, naturels, et peu parfumés.

À quoi doit faire particulièrement attention une future maman ? et une jeune maman ?

La future maman, qu’elle soit enceinte ou même en projet de grossesse, doit être particulièrement vigilante face aux perturbateurs endocriniens. Comme ils ont envahi notre quotidien, il est important d’apprendre à les reconnaitre pour s’en prémunir au maximum. Pour commencer, on peut agir sur trois responsables de ces substances à la toxicité complexe : les pesticides, les phtalates et autres additifs pour plastique, ainsi que de nombreux ingrédients cosmétiques.

Le fœtus étant très sensible aux pesticides, la grossesse est la meilleure période pour se tourner vers une alimentation biologique. Bannissez, de même, tout insecticide ou acaricide, et limitez les traitements de ce type pour vos animaux de compagnies. Afin d’éviter les phtalates et bisphénols contenus dans les plastiques, faites le choix de contenants et ustensiles de cuisine en inox, verre ou bois. Côté salle de bain, limitez les produits cosmétiques au minimum de vos besoins, en privilégiant les listes d’ingrédients courtes, les labels bio, et les produits bruts.

L’air de nos intérieurs est contaminé par les COV, composés organiques volatiles, comme le formaldéhyde ou le benzène. Ces substances souvent irritantes, allergisantes voire cancérigènes, proviennent du mobilier, des murs et sols, mais aussi des diffuseurs de parfums, bougies, encens… Pour diminuer leur présence, pensez à bien aérer quotidiennement votre logement et votre bureau.

Enfin, nous oublions souvent l’impact encore peu connu des ondes électromagnétiques sur la santé : mieux vaut éloigner téléphone portable et ordinateur de son ventre et de la tête de son enfant. De même, on fera en sorte d’installer son lit et celui de bébé le plus loin possible de la box wifi, et mieux, de la couper pendant la nuit.

Est ce qu’on peut quand même se réjouir de certaines choses ?

Oui, heureusement ! Je trouve qu’il y a une vraie prise de conscience de l’impact pour notre santé de la pollution environnementale. L’Etat vient tout juste de montrer son implication sur ces fameux 1000 jours, j’ai bon espoir que cela fasse bouger les lignes à toutes les échelles. N’oublions pas que les parents ne peuvent pas tout savoir, tout deviner, et qu’ils ont déjà suffisamment de choses à gérer pour avoir envie d’éplucher les étiquettes de chaque produit mis dans leur caddie… Au tour des professionnels de santé, de la petite enfance et de la puériculture de faire en sorte de leur faciliter la vie tout en protégeant réellement la santé des familles.

Faut-il pour autant tout vérifier et tout supprimer ou y a-t-il des règles à suivre facilement pour s’y retrouver au quotidien sans tomber dans la psychose ?

La première règle pour ne pas tomber dans la psychose, c’est de se rappeler que l’angoisse parentale et à fortiori celle de la mère, est la première « pollution » à supprimer ! On le sait très bien, le stress engendre des effets biologiques sur les cellules, c’est une véritable cause de dérèglement de l’organisme. Je ne peux que conseiller aux futures et jeunes mamans de trouver une activité qui leur permette de se relaxer : yoga, natation, sophrologie, hypnose…

A partir de là, prendre le temps de s’informer via des sources sûres, et agir sur ce qui est à notre portée est déjà positif !

Si on focalise sur la salle de bain : Est ce qu’il y a des produits à bannir pendant la grossesse ?

Oui : les colorations capillaires chimiques, les laques et shampoings secs en spray, le parfum, le vernis à ongles et le dissolvant qui va avec, sont pour moi les produits à bannir totalement pendant la grossesse. Plus difficile pour certaines, il faudrait aussi éviter le déodorant en spray et lui préférer une version solide, stick ou crème. Une attention particulière doit être portée au dentifrice, pour éviter la présence de triclosan et de dioxyde de titane, ce dernier étant présent même chez les marques bio.

Des produits à bannir pour une jeune maman ou une maman allaitante ?

Les premières semaines, on porte beaucoup son bébé, on fait du peau à peau et on est souvent amené à dormir avec lui. Il faut garder en mémoire que tout ce qui est diffusé ou pulvérisé dans l’air, sur notre peau ou nos vêtements, va être aussi respiré par son bébé. Donc tout comme pendant la grossesse, la jeune maman, mais aussi le jeune papa, doivent éviter les parfums, déodorants en spray ou très parfumés, les produits capillaires comme les laques, les cires, etc.

Il en va de même pour les huiles essentielles en diffusion et les cosmétiques parfumés aux huiles essentielles. Bien que naturelles, ces substances sont à garder pour leurs actions thérapeutiques. Elles ne sont pas à considérer comme de « simples » parfums naturels, donc arrêtons d’en mettre dans tous les produits faits maison !

Et pour son bébé ?

Pour un bébé, peu de produits sont réellement utiles. Plutôt que de voir ce qu’il faut éviter, voyons ce qu’il faut vraiment avoir dans sa trousse de toilette : un savon surgras saponifié à froid, une huile ou un beurre végétal pour masser et nourrir sa peau fragile et un liniment oléo-calcaire de composition simple, voire fait maison. Et c’est tout !

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* Eléni Gravière est ingénieure chimiste, auteure du blog « Un intérieur sain pour nos enfants » et fondatrice de Terre de Parents, des ateliers de sensibilisation et des formations en santé environnementale; et accessoirement maman d’un petit garçon plein d’énergie;-)

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